« Parlons solutions » : la liste complète des 146 métiers critiques et en pénurie en Wallonie

par | 3 Déc 2025 | Faits divers namurois

Pénurie de main-d’œuvre en Wallonie : la liste 2025 des métiers critiques

Chaque année, le Forem dresse un état des lieux des fonctions où les employeurs peinent à recruter. En 2025, ce sont 146 métiers qui figurent sur la liste des professions jugées « critiques », dont 82 en pénurie avérée. Ce constat interroge l’adéquation entre la formation dispensée et les besoins réels du marché du travail wallon.

Un bilan chiffré des métiers en tension

La publication de juillet 2025 par le Forem recense 146 métiers critiques en Wallonie, contre 162 un an plus tôt. Parmi eux, 82 fonctions connaissent une pénurie de main-d’œuvre, offrant ainsi de réelles opportunités d’embauche. Le secteur de la construction arrive en tête avec 32 métiers en tension, suivi de près par l’industrie (31 métiers). Viennent ensuite la santé et l’action sociale (22 métiers), le transport et la logistique (10 métiers), puis l’Horeca, le tourisme et l’industrie créative (9 métiers).

Par rapport à 2024, la liste s’est enrichie de 26 nouvelles fonctions – conducteurs de trains, ambulanciers, distributeurs de courrier, gestionnaires d’assurances – tandis que 42 métiers ont quitté le classement, traduisant l’évolution des besoins des employeurs et des critères d’évaluation.

Des causes structurelles qui perdurent

Concrètement, plusieurs facteurs expliquent ces tensions. D’abord, l’image peu attrayante de certains métiers, jugés pénibles ou insuffisamment valorisés. Le secteur du bâtiment, frappé par la rudesse des conditions de travail et le climat incertain des chantiers, peine à attirer des candidats.

Ensuite, l’écart de compétences entre les formations proposées et les compétences pratiques attendues par les entreprises reste important. Certains métiers requièrent une maîtrise technique ou numérique pointue, rarement couverte par les cursus initiaux. Par ailleurs, le vieillissement de la main-d’œuvre creuse un fossé difficile à combler rapidement dans des secteurs stratégiques.

Formations et incitants : la stratégie du Forem

Pour remédier à ces pénuries, le Forem propose 199 formations permettant d’acquérir les compétences recherchées. En pratique, ces parcours couvrent un large éventail, de la charpenterie traditionnelle à la programmation de machines industrielles. Certaines formations en entreprise garantissent une embauche à l’issue du cursus, sécurisant le parcours des stagiaires.

Parallèlement, des incitants financiers sont déployés : prime de 350 € pour les demandeurs d’emploi formés à un métier en pénurie, dispense de l’obligation de recherche active et, sous conditions, participation au financement du permis de conduire via le projet « Passeport Drive ». Ces mesures visent à lever les obstacles financiers et logistiques à l’accès à la formation.

Limites et défis des dispositifs actuels

Cependant, ces dispositifs montrent leurs limites. Les formations, si elles sont nombreuses, ne suffisent pas à garantir une insertion durable si les conditions de travail – salaires, rythme, pénibilité – demeurent inchangées. Un turnover élevé peut rapidement recréer de nouvelles tensions.

De plus, la contraction du nombre de métiers en pénurie (de 162 à 146) invite à s’interroger : est-ce le signe d’une amélioration réelle ou d’une simple redéfinition des critères ? Cette question souligne la nature évolutive et parfois arbitraire du classement. Enfin, la concentration des pénuries dans quelques secteurs clés révèle une polarisation économique qui exige un ajustement plus global des politiques d’emploi et de formation.

Regard vers l’avenir : quelles stratégies pour combler durablement ces postes ?

Pour que ces métiers ne restent plus « en tension », plusieurs leviers doivent être actionnés. D’abord, la revalorisation salariale et la promotion des carrières possibles dans ces professions peuvent renforcer leur attractivité. Ensuite, renforcer les partenariats entre centres de formation, écoles et entreprises permettrait d’adapter en amont les programmes aux réalités du terrain.

Par ailleurs, la digitalisation et l’automatisation imposent de repenser les profils recherchés. Déléguer certaines tâches répétitives à la machine libère de la place pour des compétences de supervision et de maintenance. À ce titre, intégrer systématiquement les nouvelles technologies dans les formations apparaît comme un enjeu majeur.

Enfin, une meilleure reconnaissance des acquis de l’expérience et une plus grande mobilité interrégionale pourraient offrir de nouvelles voies d’accès à ces métiers. À terme, l’articulation fine entre formation, attractivité salariale et évolution des conditions de travail pourrait contribuer à réduire durablement les pénuries et soutenir la compétitivité de la Wallonie.

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