À Florennes, des militaires britanniques pour chasser les drones

par | 17 Nov 2025 | Faits divers namurois

Pourquoi des militaires britanniques protègent la base aérienne de Florennes contre les drones

Depuis mi-novembre 2025, un détachement spécialisé de la Royal Air Force (RAF) est déployé à la demande du ministre belge de la Défense sur la base aérienne de Florennes pour contrer les intrusions de drones. Cette mobilisation inédite souligne les enjeux de sécurité autour des nouveaux F-35 belges et interroge la coopération entre alliés et la transparence des autorités militaires.

Un dispositif anti-drone inédit à Florennes

Florennes, l’une des principales installations aériennes de Belgique, accueille depuis peu les premiers chasseurs F-35 de l’armée belge ainsi qu’un drone de reconnaissance MQ-9B. Concrètement, la présence des Britanniques répond à une série d’apparitions de drones non identifiés au-dessus de la base début novembre. Selon le commandement, ces machines pouvaient menacer des équipements sensibles ou collecter des renseignements sur les capacités belges. Pour l’instant, l’armée ne détaille pas la nature exacte des contre-mesures employées ni leurs capacités opérationnelles, mais la suspension de tout nouvel incident depuis l’arrivée du détachement suggère un effet dissuasif immédiat.

Contexte et coopération NATO post-Brexit

La décision de confier une mission de protection à un partenaire britannique s’inscrit dans une dynamique de renforcement de l’interopérabilité au sein de l’OTAN. Depuis la guerre en Ukraine et la montée en puissance des technologies de drones civils et militaires, les Alliés multiplient les exercices et partagent leurs méthodes de lutte contre ces menaces. Le Royaume-Uni, malgré le Brexit, demeure un acteur clé en Europe pour le renseignement et la défense aérienne. Cette opération à Florennes illustre aussi la capacité de réactivité des forces alliées lorsqu’une menace nouvelle émerge à proximité d’infrastructures stratégiques.

Les enjeux de souveraineté et de transparence

Si cette coopération renforce la protection, elle soulève des questions de souveraineté et de gouvernance. Pourquoi la Belgique n’a-t-elle pas déployé seule ses propres moyens anti-drone ? Au-delà de la dimension technique, le public belge reste dans l’ombre sur le coût, la durée et la nature exacte de l’engagement britannique. Le principe démocratique commande une information suffisante sur les risques pesant sur une base militaire nationale, alors que la mission s’inscrit dans un cadre budgétaire toujours plus contraint. À terme, la Belgique devra démontrer qu’elle peut assumer ses défenses sans dépendance prolongée à un partenaire extérieur.

Efficacité et limites des technologies anti-drone

L’efficacité du dispositif est attestée par l’absence de nouvelles incursions depuis fin novembre, mais plusieurs questions demeurent. Quels radars ou systèmes de brouillage sont utilisés pour intercepter ces petits appareils ? Les drones observés appartenaient-ils à des amateurs ou relevaient-ils d’opérations de reconnaissance plus sophistiquées ? En pratique, la lutte anti-drone mobilise des capteurs électro-optiques et des intercepteurs de fréquence, souvent combinés à des lancements de leurres ou à des tirs de munitions spéciales. Cependant, face à une menace sans cesse renouvelée, ces technologies doivent évoluer en continu, ce qui implique des coûts élevés et une veille permanente.

Perspectives et leviers pour l’avenir

À terme, plusieurs scénarios se présentent pour la défense de Florennes. D’abord, la formation d’équipes belges dédiées, entraînées et équipées selon les standards OTAN, afin de réduire la dépendance extérieure. Ensuite, la mise en place d’une cellule de renseignement dédiée à l’analyse des incursions et à l’anticipation des nouvelles générations de drones. Enfin, un dialogue public-privé pourrait encourager l’innovation dans la détection et la neutralisation des menaces. Pour la suite, il faudra clarifier la durée de la mission britannique et définir un cadre budgétaire transparent, tout en préservant la sécurité opérationnelle de la base et la confiance des citoyens.

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