Pompiers volontaires : la Zone de secours Dinaphi recrute

par | 3 Déc 2025 | Faits divers namurois

La zone Dinaphi face à la pénurie de pompiers volontaires

Confrontée à un besoin crucial de ressources humaines, la zone de secours Dinaphi, qui couvre le sud de la province de Namur, lance un appel à recruter des pompiers volontaires avant le 31 décembre. Ces bénévoles constituent plus de 80 % des effectifs et garantissent la sécurité des habitants, surtout en milieu rural. Cependant, la complexité des procédures et le recul du volontariat menacent la pérennité du dispositif.

Un appel en urgence pour les douze postes de secours

Concrètement, la zone Dinaphi regroupe douze casernes réparties de Alle-sur-Semois à Yvoir, en passant par Dinant, Couvin ou Philippeville. Chaque poste répond à des appels d’urgence variés : incendies, accidents de la route, inondations ou secours médicaux d’urgence. Aujourd’hui, la quasi-totalité des interventions repose sur des volontaires qui, en dehors de leurs activités professionnelles, s’engagent à toute heure pour protéger leurs concitoyens.

En pratique, les candidats doivent être âgés de plus de 18 ans et satisfaire à plusieurs conditions : aptitude physique, formation initiale, tests psychotechniques et juridiques, ainsi qu’un engagement sur la durée. Patrice Liétart, porte-parole de la zone, le rappelle : « Les nombreuses étapes à franchir découragent de potentiels candidats, alors que nous manquons cruellement de renforts. »

Mais l’appel, ouvert jusqu’à la fin décembre, ne suffit pas. Les responsables soulignent qu’il faut repenser l’organisation du recrutement pour réduire les délais et les contraintes, et attirer davantage de femmes et d’hommes prêts à servir.

Une crise structurelle du bénévolat dans les secours

Depuis plusieurs années, la Wallonie, à l’instar d’autres régions d’Europe, traverse une crise du volontariat au sein des services d’urgence. À l’origine de ce phénomène : l’évolution des modes de vie, la raréfaction du temps libre, l’intensification des exigences de formation et la montée des risques psycho-sociaux liés aux interventions.

En milieu rural, la géographie dispersée exige une couverture permanente sur de vastes territoires, mais la population active peinant à concilier vie professionnelle, familiale et engagement citoyen, le vivier de candidats s’amenuise. À terme, cela risque de compromettre la qualité et la rapidité des secours.

Cet essoufflement n’est pas propre à la province de Namur : en France, les sapeurs-pompiers volontaires ont diminué de près de 20 % en dix ans. En Allemagne et aux Pays-Bas, des campagnes de sensibilisation et des indemnités plus attractives ont permis d’enrayer partiellement la baisse, montrant qu’un arbitrage entre reconnaissance et exigences administratives peut produire des résultats.

Obstacles et débats sur les conditions d’engagement

Plusieurs voix s’élèvent pour simplifier les procédures de recrutement. D’un côté, les partisans d’une réduction des étapes avancent qu’un processus allégé attirerait des profils divers et faciliterait l’accès, notamment chez les moins de 30 ans. D’un autre côté, les autorités insistent sur la nécessité de maintenir un niveau élevé de formation et de contrôles pour garantir la sécurité tant des volontaires que des citoyens servis.

En pratique, la question des indemnités constitue un autre point de tension. Actuellement, la rémunération des pompiers volontaires couvre les frais de déplacement et leur temps d’intervention, mais reste modeste par rapport aux exigences du métier. Les défenseurs d’une revalorisation estiment qu’un meilleur accompagnement financier compenserait le sacrifice personnel et limiterait l’attrition des effectifs.

Cependant, les budgets des communes ne sont pas extensibles et l’augmentation des coûts pourrait exercer une pression supplémentaire sur les contribuables. Certains élus redoutent que cette stratégie ne résolve qu’à court terme la pénurie, sans s’attaquer aux racines du déclin du bénévolat.

Conséquences d’une couverture territoriale fragilisée

À terme, la baisse des effectifs volontaires pourrait se traduire par un allongement des délais d’intervention. Dans les zones rurales où les casernes sont éloignées, chaque minute gagnée par la présence d’un volontaire local est cruciale pour la survie d’une victime ou la maîtrise rapide d’un incendie.

En cas de manque critique, la zone Dinaphi pourrait être contrainte de mutualiser davantage ses moyens ou de solliciter d’autres entités, ce qui allongerait les temps d’attente et alourdirait les coûts logistiques. Les habitants, déjà confrontés à un réseau de santé en tension, risqueraient de perdre la réactivité qui fait la réputation de leurs sauveteurs.

Aussi, le moral des équipes actuelles se voit affecté : les volontaires présents craignent l’épuisement et un turnover croissant, renforçant le cercle vicieux de la pénurie.

Perspectives pour revitaliser le volontariat et sécuriser l’avenir

Pour répondre à ces défis, plusieurs pistes émergent. D’abord, simplifier les formalités administratives. En réduisant les délais d’attente et en clarifiant les étapes de sélection, on faciliterait l’engagement rapide des nouveaux candidats.

Ensuite, revaloriser les indemnités sans peser exclusivement sur les collectivités locales, en explorant des partenariats publics-privés ou des subventions régionales spécifiques aux services de secours. De tels dispositifs existent déjà en partie dans d’autres pays européens.

Par ailleurs, il apparaît essentiel de moderniser l’image du pompier volontaire auprès des jeunes générations, via des programmes scolaires, des journées de découverte et des campagnes numériques valorisant l’aspect civique et solidaire du métier.

Enfin, certains experts proposent de tester des modèles mixtes, combinant volontaires et salariés à temps partiel pour garantir une couverture continue et un encadrement professionnel, tout en conservant l’élan citoyen qui fonde le système actuel.

À Namur, la zone Dinaphi pourrait servir de terrain d’expérimentation pour ces initiatives. Plus qu’un simple recrutement, c’est une réflexion de fond sur la façon d’assurer la sécurité publique en milieu rural qui s’ouvre désormais.

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