Fabien Lejeusne, un évêque face aux défis d’un diocèse en mutation
Ordonné évêque du diocèse de Namur-Luxembourg le 7 décembre 2025, Fabien Lejeusne promet de replacer l’unité et la dignité humaine au cœur de sa mission. À l’heure où l’Église catholique belge traverse une crise de confiance et une perte de fidèles, il mise sur la tolérance zéro contre les abus et sur l’engagement des jeunes pour redonner souffle à la foi.
Une vision d’unité et de fraternité
Pour son entrée en fonction, Fabien Lejeusne plaide immédiatement pour le dépassement des divisions. « Il ne faut pas se servir de la religion et des religions en général pour opposer les gens entre eux », a-t-il déclaré lors de son ordination en la cathédrale Saint-Aubain de Namur. Issu d’une trajectoire marquée par ses responsabilités de Provincial d’Europe des Augustins Assomptionnistes et de directeur du pèlerinage de Lourdes, il puise dans l’expérience d’espaces de rencontre et de dialogue pour renouveler l’Église locale. Concrètement, il veut rassembler autour de valeurs communes et combattre toute récupération identitaire ou politique des symboles chrétiens, comme l’a montré récemment la controverse autour de la crèche de Bruxelles. À ses yeux, la foi doit être un ciment social, non un instrument de division.
Tolérance zéro face aux abus : une exigence de transparence
Le passé récent de l’Église catholique en Belgique est marqué par de lourds scandales d’abus sexuels. Pour restaurer la confiance, Lejeusne adopte une ligne ferme : « L’Église doit être une maison sûre, donc une fois qu’on est dans l’abus et qu’on va jusqu’à l’agression, c’est tolérance zéro. Et c’est comme ça que cela sera vécu ». Cette position s’inscrit dans la lignée des attentes des fidèles et de la société civile, notamment après la mise en place de procédures nationales de signalement et d’enquête. Concrètement, l’évêque annonce qu’il ne ménage ni clarté ni rapidité à l’égard des victimes et qu’il veillera à ce que tout signalement soit traité sans délai par des instances indépendantes. Cette volonté de transparence rompt avec les pratiques de couverture du passé et constitue un signal fort pour les diocèses de toute la Belgique.
Séduire la jeunesse : un pari sur l’avenir
Un enjeu crucial pour Fabien Lejeusne est l’accompagnement des jeunes, qu’il décrit comme porteurs d’histoires « quelquefois cabossées ». Alors que la pratique religieuse institutionnelle se dérobe face à la sécularisation, le diocèse de Namur-Luxembourg, qui rassemble environ 400 000 fidèles, doit trouver de nouvelles clés pour éveiller l’intérêt des 15-30 ans. Le nouvel évêque envisage d’expérimenter des formats innovants : pèlerinages adaptés, rencontres intergénérationnelles et initiatives culturelles en lien avec les réalités sociales et professionnelles des jeunes. Mais il reste prudent ; aucune décision majeure ne sera prise durant les six premiers mois, le temps d’« appréhender la réalité du terrain ». Cette période d’observation devrait lui permettre de concevoir des projets participatifs où les jeunes eux-mêmes seront acteurs de leur foi, plutôt que simples consommateurs d’événements religieux.
Échapper à l’instrumentalisation politique
La tentation de récupérer les thèmes religieux à des fins politiques croît avec l’affirmation de mouvements identitaires. Entre les prises de position publics de personnalités comme Franklin Graham et les débats sur la place du christianisme dans les institutions, les Églises se retrouvent au cœur de la bataille des identités. Fabien Lejeusne, conscient de ces enjeux, entend préserver la neutralité du message évangélique. Il s’engage à rappeler que la foi chrétienne se fonde sur l’accueil de l’autre et l’amélioration de la fraternité. Ainsi, il souhaite intervenir dans le débat public pour rappeler que l’Église n’appartient à aucun camp politique et que ses enseignements ne se résument pas à des slogans identitaires. Concrètement, il s’opposera publiquement à toute exploitation partisane des symboles religieux et invitera les responsables politiques à respecter la séparation entre politique et sacré.
Un nouveau pastorat au service du territoire
Après son ordination, Fabien Lejeusne entamera son parcours pastoral dès le 8 décembre au sanctuaire de Beauraing, puis le 13 décembre par une marche au départ du port de plaisance de Namur. Ces premiers gestes symboliques traduisent sa volonté de s’ancrer dans le quotidien des paroisses. Il entend multiplier les visites et écouter les besoins des prêtres, des bénévoles et des fidèles. Cette démarche de proximité doit permettre d’identifier les priorités locales, qu’il s’agisse de lutter contre l’isolement social, de soutenir des initiatives de solidarité ou de renforcer les équipes d’aumônerie scolaire. À terme, l’évêque souhaite déployer une pastorale de terrain, fondée sur l’échange et la co-construction, et adaptée à la diversité des réalités du diocèse de Namur-Luxembourg.


0 commentaires