Les sorcières : victimes injustes du folklore et d’Halloween

par | 31 Oct 2025 | Culture & patrimoine Namurois, Faits divers namurois, Folklore & traditions namuroise

Folklore et mise en scène de la « sorcière »

Sur un brasero, lors des grands feux namurois ou au cœur de festivités populaires à l’occasion d’Halloween, la figure de la « sorcière » est régulièrement mise en scène par le folklore de nos régions. Mais aujourd’hui, peut-on encore « brûler des sorcières » quand on songe au sort vécu jadis par ces femmes persécutées ?

On les nomme macrales, crieuses ou sorcières : elles font partie intégrante des traditions et finissent souvent sur le bûcher. Elles rappellent une époque de chasse aux femmes. Marie Depraetere, conservatrice au musée du Folklore et de l’imaginaire de Tournai, souligne la difficulté de célébrer un personnage que l’on stigmatise et que l’on sacrifie comme bouc émissaire annuel. « Les femmes ont souvent été jugées responsables de divers maux, en particulier si elles vivaient seules ou ne pouvaient plus avoir d’enfants. Les vieilles femmes étaient alors pointées du doigt. »

Réinterprétations contemporaines

Braine-l’Alleud : une cible annuelle repensée

C’est pourquoi, à Braine-l’Alleud, le comité de quartier Saint-Jacques a modifié la cible annuelle du bûcher d’Halloween. Dominique Sevrin, l’une de ses responsables, explique : « Nous avons estimé qu’il était injuste de brûler une sorcière, d’autant que ces femmes étaient souvent intelligentes et cultivées, traquées à tort. » Depuis deux ans, c’est donc une mascotte, accompagnée d’un mot d’explication, qui part en fumée, au grand soulagement d’un public jugé compréhensif.

AVEC DU CONTEXTE, C’EST MIEUX.

Lonzée, « Pays des sorcières »

À Lonzée, commune de Gembloux surnommée « Pays des sorcières », on célèbre depuis quarante ans l’effigie de Catherine Prunet, jugée pour sorcellerie en 1638, sur un grand feu chaque mois de mars. Pour Olivier Lepage, président de l’événement, il ne s’agit pas de sexisme folklorique. « Depuis cinq ans, on reçoit des critiques : “Pourquoi ne pas brûler un bonhomme hiver comme ailleurs ?”, “Arrêtez le féminicide !” Je réponds que c’est un hommage au passé du village. Les anciens connaissent l’histoire et elle se transmet aux jeunes qui ne la découvrent qu’à cette occasion. »

Pour Marie Depraetere, l’essentiel est de bien contextualiser. Elle préconise de maintenir le geste festif en expliquant, en journée, le rôle de ces femmes au Moyen Âge, le processus historique depuis les bûchers jusqu’à nos connaissances actuelles et la réhabilitation dont elles font l’objet. « Si la part historique est clairement exposée, la fête devient plus intelligente et moins contestable. »

0 commentaires

Articles Connexes