Grève nationale : après l’accord budgétaire fédéral, les syndicats estiment la grève « plus que jamais d’actualité »

par | 25 Nov 2025 | Faits divers namurois

Trois jours de grève nationale en Belgique : le bras de fer entre syndicats et gouvernement

Concrètement, la Belgique s’est immobilisée du 24 au 26 novembre 2025 à l’appel du front commun syndical pour contester l’accord budgétaire fédéral. Des quais de trains vides aux administrations publiques fermées, l’arrêt progressif de l’activité illustre l’ampleur du désaccord entre l’exécutif et les organisations de travailleurs. À terme, c’est le modèle social belge tout entier qui est en jeu.

Une paralysie progressive du pays

Le mouvement a débuté lundi 24 novembre avec une première journée ciblée sur les transports en commun. Trains, métros de la Stib à Bruxelles, lignes du Tec en Wallonie et De Lijn en Flandre ont été fortement perturbés par les cheminots et conducteurs, rejoints par le syndicat autonome des conducteurs de train (SACT). Le lendemain, c’est l’ensemble des services publics – administrations locales, ministères, écoles et hôpitaux – qui a baissé rideau, tandis que la police déployait un préavis de grève inédit de trois jours.

Mercredi 26, le mouvement s’est transformé en grève intersectorielle complète, avec l’arrêt des vols au départ de Brussels Airport et de Charleroi, la suspension des collectes de déchets et l’interruption de nombreuses activités privées. Cette chronologie ascendante vise à mettre une pression croissante sur le gouvernement pour l’amener à renégocier son plan budgétaire.

Des revendications au cœur de la contestation

Les syndicats FGTB, CSC et CGSLB dénoncent un accord jugé trop austéritaire. Ils réclament d’abord une justice fiscale plus stricte, un examen approfondi des subventions aux entreprises et l’application systématique de cotisations de sécurité sociale à tous les salaires. Selon eux, l’État doit garantir un financement pérenne de la sécurité sociale et des pensions.

Au centre de leurs doléances figure aussi la réforme des pensions, perçue comme une menace pour la stabilité du système et la qualité de vie des retraités à venir. Par ailleurs, la CGSP Police met en avant les conditions de travail des policiers et le manque de reconnaissance de leur service, en particulier sur les questions de retraite. Ensemble, ces revendications installent un débat de fond sur l’équilibre entre rigueur budgétaire et protection sociale.

Coût économique et critiques du monde des entreprises

Pour la Fédération des Entreprises Wallonnes, le blocage coûterait près de 100 millions d’euros par jour, un chiffrage qui suscite l’inquiétude des acteurs économiques. Perturbations logistiques, retards de production et annulations de rendez-vous pèsent sur les PME comme sur les grandes sociétés. Certains dénoncent une « grève de l’économie » qui, selon eux, affecte d’abord les plus vulnérables et les indépendants.

Les compagnies aériennes ont continué à vendre des billets malgré l’annonce de l’absence totale de vols mercredi, illustrant les failles de la coordination entre secteurs. De son côté, l’hôtellerie-restauration redoute une perte de clientèle, tandis que le commerce local craint la baisse de fréquentation en plein Black Friday et Saint-Nicolas. Ces critiques alimentent la thèse selon laquelle la grève, au-delà de son objectif social, pèse sur la compétitivité du pays.

Un rapport de force inscrit dans une tradition syndicale

Les mobilisations syndicales sont profondément ancrées dans la culture politique belge. Depuis les premières grèves générales du début du XXe siècle, elles ont régulièrement servi de levier pour faire plier l’État sur les questions sociales. Aujourd’hui encore, FGTB, CSC et CGSLB bénéficient d’une représentativité qui leur permet de fédérer un large spectre de secteurs, du rail à l’enseignement en passant par la santé.

Face à un gouvernement désireux de montrer sa rigueur budgétaire, les syndicats jouent la carte de l’unité pour renforcer leur poids négociateur. Cette stratégie a déjà fait ses preuves: plusieurs ministres ont amendé des projets de loi sous la pression de précédentes actions. L’enjeu est clair : faire reculer l’exécutif pour obtenir des garanties tangibles et éviter un précédent de remise en cause du modèle social belge.

Perspectives et enjeux : comment sortir de l’impasse ?

Au terme de ces trois jours, plusieurs questions restent ouvertes. Le gouvernement entend-il réellement rouvrir les négociations sur les pensions et la fiscalité ? Les syndicats sauront-ils transformer cette mobilisation en avancées concrètes ou risquent-ils de perdre en crédibilité si l’impact économique se confirme trop lourd ? Enfin, quelle place pour les citoyens qui subissent ces perturbations ?

À l’heure où se profilent d’autres défis budgétaires en Europe, la Belgique retient son souffle. Ce bras de fer pourrait bien dessiner les contours du dialogue social pour les prochaines années, entre fermeté gouvernementale et capacité de mobilisation des partenaires sociaux.

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