Présidence de la zone Dinaphi : la députée provinciale Mélanie Havenne remplace Antonin Collinet

par | 16 Nov 2025 | Faits divers namurois

Changement à la tête de la zone de secours Dinaphi : défis budgétaires et ambitions opérationnelles

Après la démission d’Antonin Collinet, c’est la députée provinciale Mélanie Havenne qui prend la présidence du Collège de la zone de secours Dinaphi. Cette transition met en lumière les tensions autour du master plan 2025-2030, où se jouent la réduction des délais d’intervention et la viabilité financière des services d’urgence en Wallonie.

Un contexte de réforme des secours en zone Dinaphi

La zone de secours Dinaphi couvre plusieurs communes de la province de Namur, dont Dinant, Walcourt et Florennes. Depuis quelques années, l’accent est mis sur la modernisation des services de pompiers et d’ambulances afin de répondre aux exigences des arrêtés royaux et d’assurer la sécurité des citoyens. Concrètement, le master plan 2025-2030 prévoit deux volets majeurs :

  • la mise en place de postes pivots pour optimiser le maillage territorial et réduire les distances parcourues ;
  • l’instauration de gardes sous toit de 12 heures pour garantir une présence rapide et continue.

En pratique, ces mesures visent à atteindre un délai d’intervention inférieur à 30 minutes à partir de l’appel au 112. Cet objectif est jugé vital pour le respect des normes nationales et pour limiter le risque d’aggravation des situations d’urgence.

Les enjeux budgétaires et divergences locales

Le principal frein à la mise en œuvre de ce plan tient au climat budgétaire complexe que connaît la région. Les investissements nécessaires pour construire ou aménager les postes pivots, former le personnel et financer les gardes prolongées représentent plusieurs centaines de milliers d’euros par an. À cela s’ajoutent :

  • des priorités divergentes entre les différentes communes membres du conseil de zone ; certaines plaident pour des aménagements légers, d’autres pour des structures plus ambitieuses ;
  • une capacité financière limitée des budgets communaux, déjà contraints par d’autres dépenses locales (infrastructures, social, voirie) ;
  • des tensions politiques entre élus qui défendent tour à tour l’intérêt de leur commune, tandis que la gouvernance provinciale gagne en importance.

En témoigne le message d’Antonin Collinet, qui écrivait : « Au vu de l’impasse dans laquelle nous nous trouvons concernant les choix et les investissements à réaliser, il m’est apparu nécessaire de prendre mes responsabilités et de passer le relais. » Selon lui, sans un accord clair et des moyens financiers à la hauteur des ambitions, le dispositif resterait en l’état, au risque de compromettre la sécurité des citoyens et la conformité aux arrêtés royaux.

La transition à la tête de la zone : acteurs et réactions

Le départ d’Antonin Collinet, bourgmestre de Florennes, a été annoncé vendredi dernier. Durant le week-end, Christine Poulin, bourgmestre de Walcourt, a assuré l’intérim à la présidence du Collège de zone. Ce lundi, c’est Mélanie Havenne, députée provinciale, qui a été élue à la tête de Dinaphi.

Plusieurs éléments expliquent cette désignation :

  • la montée en puissance du rôle des provinces dans la gouvernance des zones de secours en Wallonie ; la nomination d’un élu provincial vise à renforcer la cohérence entre les politiques locales et régionales ;
  • le profil de Mélanie Havenne, perçue comme une figure capable de négocier avec les communes et d’arbitrer les priorités budgétaires ;
  • la nécessité de rétablir la confiance au sein du conseil de zone après des débats qualifiés d’« houleux » autour du plan 2025-2030.

Du côté des pompiers et ambulanciers, l’inquiétude porte sur les conditions de travail. Les représentants du personnel soulignent l’enjeu d’« allier efficacité opérationnelle et respect des rythmes de vie », pointant le risque d’usure accrue si la réforme s’accompagne de contraintes horaires trop lourdes.

Perspectives et défis pour le master plan 2025-2030

À terme, la nouvelle présidente devra tenter de débloquer la situation en s’appuyant sur plusieurs leviers :

  • Recherche de financements complémentaires : subventions provinciales, fonds européens ou partenariats public-privé pourraient alléger la facture initiale ;
  • Concertation renforcée : ateliers de travail réunissant élus communaux, représentants du personnel et experts pour établir un calendrier de mise en œuvre realiste ;
  • Phasage progressif : prioriser d’abord les zones les plus critiques, quitte à étaler les investissements sur plusieurs années ;
  • Communication transparente : informer régulièrement la population sur les avancées et les contraintes pour garantir l’adhésion citoyenne.

En second lieu, la question du modèle de gouvernance reste ouverte. L’implication provinciale, jugée utile pour coordonner les grandes lignes stratégiques, doit se concilier avec l’autonomie communale, socle de la proximité en matière de secours. Les prochaines réunions du conseil de zone seront scrutées de près par l’ensemble des acteurs :

  • les élus locaux, attentifs à la répartition des coûts ;
  • les services opérationnels, soucieux de conditions de travail viables ;
  • les citoyens, exigeant des délais d’intervention réduits sans compromettre la sécurité.

À l’aube de cette nouvelle présidence, la zone Dinaphi se trouve à un tournant : concilier ambition et réalisme financier, dépasser les divergences pour construire un dispositif d’urgence efficace et durable. La feuille de route de Mélanie Havenne sera déterminante pour transformer le master plan 2025-2030 en une réalité opérationnelle, au service de la sécurité de tous.

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